Euskal Trail
- sensasyonraid
- 15 mai 2015
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 déc. 2020
Le CR de Nico Chem
C’est donc la plus grosse échéance de l’année : je me lance pour la 1ère fois sur une distance de plus de 100 kms en montagne (7000m de D+).
Pour ce périple, je pars seul membre de l’assoc’ mais j’ai trouvé d’autres vendéens qui s’alignent également sur l’ultra : Philippe de Luçon pour sa 1ère participation à une course en montage mais qui connait déjà les ultras et 3 membres de Raid Landes Aventures habitués à ce genre de défis : 1 équipe en relais et 1 en solo.
Seul enfin pas vraiment, car je reçois des sms d’encouragement avant le départ. Ça fait plaisir ! Départ à 5h du matin le vendredi sous la pluie. Et ça ne s’arrêtera presque jamais…

J’essaye de partir calmement. Et haut du col, des rafales de vent et de la pluie (cf. ici photo du photographe en haut du col). Je perds ma casquette que je recupère in-extremis. Mon dossard part en lambeaux avec ma puce que je perds. On repart pour un nouveau col. Entre les averses, on arrive tout de même à capter de jolis paysages :

Les conditions deviennent de plus en plus difficiles : malgré les vêtements de pluie, je suis trempé. Le vent gelé en plus nous refroidit. Au sommet d’un col au 40ème kms environ, je ne sens même plus mes doigts. Je demande à un autre coureur d’enfiler mes gants : impossible, mes doigts sont gelés. Il me dit donc de tracer. J’enfile mes gants comme je peux (en moufle) et amorce la descente. Au fur et à mesure, je me réchauffe. Là haut, il y avait 2 coureurs avec couverture de survie qui essayait de s’abriter. Les abandons se succèdent.
La descente jusqu’à la base vie est très glissante (pleine de boue). Certaines portions se descendent sur les fesses.
Malgré tout, j’arrive à suivre un rythme correct jusqu’à la base vie au 72ème kms. J’ai eu quelques pointes au mollet dans les descentes et je demande donc un massage. Mais bon, avant une bonne douche parce que je ne suis vraiment pas propre.
Entre la douche, le massage, la petite soupe avec la charcuterie basque je ne suis pas loin de m’arrêter une heure. Un petit coup de fil à Nath. Ça me donne des forces. Je croise mes collègues vendéens : Philippe arrêtera là car le plaisir n’y est pas et il a pris peur dans les descentes. Un autre trailer de RLA arrêtera là aussi.
C’est reparti pour… 500m … et oui j’ai oublié mes bâtons. Demi-tour. Je repars avec une bretonne qui avait la course jusqu’ici avec son mari. Elle repart seule car son mari a abandonné. On fait un bout de chemin ensemble mais nos rythmes sont différents. La nuit commence à tomber. Elle me dit de tracer. Je culpabilise un peu mais j’y vais. La montée est assez difficile. Un basque me rattrape. Lui aussi était parti en relais mais son collègue a stoppé la course. Très sympa, on discute un long moment : à son actif un UTMB, une diagonale des fous, plusieurs euskal trail … Je suis dans le dur dans la montée mais on reste ensemble. C’est cool de sa part car je pense qu’il en a sous le pied. On arrive en haut d’un col avec un énorme feu avec des bénévoles qui sont là . On repart dans la descente sur un bon rythme. Je me refais bien dans cette descente même s’il fait toujours aussi froid. Le brouillard devient de plus en plus épais.
Dans la descente, je m’imagine le prochain ravito abritée avec un feu de cheminée histoire de se réchauffer et se sécher. Bref, je délire. Mon collègue basque me dit : tu vas voir. J’arrive et là une grange avec un poulailler chauffée par un énorme poêle à bois. Enorme !!
La joie est de courte durée puisqu’on nous dit que la course est neutralisée. Il est minuit. Les 1ers se sont perdus car le balisage devient de plus en difficile à suivre. Avec le froid et la pluie, les organisateurs ne veulent pas prendre de risque.
Des trailers sont neutralisés depuis 30 minutes déjà. Nous nous retrouvons tous autour du poêle à sécher nos affaires jusqu’au verdict à 0h20 : la course est définitivement stoppée : trop de risques de perdre des trailers.

En discutant avec mes collègues de galères, beaucoup ont déjà décidé d’en arrêter là car c’est vrai qu’on a déjà pris cher toute la journée !
De mon côté, je suis déçu car je pense que j’avais le mental et sans doute les jambes pour finir. Il restait tout de même 40 kms mais je n’avais pas l’intention de lâcher.
Un bus devait venir nous rapatrier. De mon côté, je repars en voiture avec la traileuse bretonne et son mari que j’avais rencontré plus bas.
Malgré l’interruption de la course, les organisateurs déclarent finisher les trailers encore en course. Bon, c’est déjà ça. Un classement est établi : 86ème sur les 150 coureurs encore en course avec 43% de « finishers ». Bref, cette course s’est déroulée dans des conditions extrêmes.
Malgré ces conditions, je suis tenté pour renouveler l’expérience. Ces paysages me plaisent. On se demande pourquoi cette région est si verte …
Merci aux organisateurs et merci aux suiveurs en live de mon périple !
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