SaintéLyon
- sensasyonraid
- 6 déc. 2015
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 déc. 2020
Le CR de Nico
Je me suis inscrit à la SaintéLyon courant septembre, comme pour le Grand Trail du Limousin et le marathon de Bordeaux, je compte profiter de ma préparation du marathon de Rennes. Au moment de l’inscription, au regard des résultats précédents j’espérais approcher les 8 heures.
Pour cette occasion et pour profiter également de la fête des lumières nous avons réservé un appartement pour 6 nuits. Nous sommes deux libellules inscrites sur cette épreuve. Entre le marathon et la course je devais faire quelques sorties à allure cool et quelques fractionnés en côte. J’ai eu beaucoup de mal à récupérer du marathon et je n’ai pas pu me préparer comme je le voulais. Avec le recule la CO 15 jours après le marathon était certainement de trop. Plus la date avançait plus j’avais des doutes sur ma participation, l’annulation de la fête des lumières suite aux évènements tragiques du 13 novembre n’a fait que renforcer mon envie de tout annuler. Dès que je courrais, j’avais des douleurs à la hanche et dans le bas du dos, supportable sur une vingtaine de kilomètres mais sur 72…. Mon kiné que j’ai consulté quelques jours avant l’épreuve pense à une tendinite du moyen fessier et me préconise un repos complet pendant plusieurs semaines. Le temps passe et c’est trop tard pour annuler, j’espère que le repos des deux dernières semaines suffira pour aller au bout de l’épreuve. Plutôt que finir en 8 heures, finir dans de bonnes conditions seraient déjà pas mal… Nous partons pour Lyon le vendredi matin, nous allons récupérer le dossard en fin de journée, le site d’arrivée est impressionnant et donne vraiment envie d’être Finisher. Nous regagnons notre appartement, Julien B nous rejoint samedi en début d’après-midi. Nous sommes dans le même état d’esprit, on espère finir tout en se renseignant sur les navettes retours en cas d’abandon. L’après-midi est consacré à la préparation des sacs, c’est là que j’apprends que Julien a certainement la tortue comme signe chinois. Il ne manque que le réchaud et le duvet dans son sac, toutes les éventualités sont anticipées. Nous partons à Saint Etienne pour le départ de la course, tous les coureurs sont rassemblés dans deux bâtiments, la plupart sont allongés pour grappiller quelques minutes de sommeil avant le départ prévu à minuit. Nous nous reposons quelques minutes avant de rejoindre la ligne de départ, c’est à ce moment que nous nous séparons, j’essaie de me positionner dans la zone correspondant à mon allure visée en début de course pour éviter les bouchons. Le départ est lancé sur « Light my way » de U2, les premiers kilomètres sont sur des grands boulevards et doivent permettent d’étirer le flux de coureurs. Toujours le même plaisir de porter un dossard et de s’élancer vers une ligne d’arrivée, c’est partie, très rapidement je sens que mon repos forcé aura été bénéfique, j’ai des jambes. Je pars sur une allure moyenne me permettant de doubler quelques coureurs pour me placer un peu mieux avant d’aborder les premières difficultés. La météo est excellente, je suis juste partie avec un tee-shirt technique à manche longue et un tee-shirt à manche courte et un cuissard. J’ai rapidement chaud, j’enlève le bonnet et les gants, malgré tout je suis vite trempé par la transpiration. Comme à mon habitude je prends deux pierres de sucre tous les 5 km. J’arrive au premier ravito, je zappe le remplissage de gourde, j’attrape un morceau de banane et je repars. La deuxième partie est sur les crêtes, on sent le vent, je commence à avoir froid et à avoir mal au ventre, je voulais attendre le deuxième ravito pour me recouvrir mais finalement, je préfère m’arrêter avant. Le mal de ventre ce transforme en une envie de vomir qui ne me quittera pas. Je prends quand même un morceau de fromage et une rondelle de saucisson au ravito et je rempli les gourdes. J’en profite surtout pour me changer et prendre un autre vêtement technique sec. Le dos commence à me faire mal et l’envie de vomir est bien présente, j’arrive à tenir une allure correcte jusqu’au 35 ème. Je me fais régulièrement dépasser dans les descentes « techniques » et dans le montées où il faut marcher (on voit les habitués des trails montagnards), je reprends des places dès que la course est possible. A mis course on a fait les 2/3 du dénivelé, je suis à 1300 mètres sur ma montre. Les kilomètres s’enchaînent, je me fixe de mini objectifs – 30, -20, -10 km avant l’arrivée. C’est de plus en plus dure, je ne suis pas le seul à avoir mal au ventre, des coureurs s’arrêtent régulièrement vomir sur le bord des chemins. Je préfère ne plus prendre de solide depuis le deuxième ravitaillement en espérant tenir jusqu’au bout sans vomir. L’arrivée approche, plus que 8 km, je fais de rapides calculs, les – 8 heures sont largement jouables je devrais même approcher les 7h45. Je regarde le dénivelé cumulé et je suis à peine à 1700, je me dis que les organisateurs ont exagéré sur le dénivelé total... Je me souviens bien d’une petite bosse avant l’arrivé mais rien d’inquiétant. Plus que 5 km et la dernière bosse se profile et là je ne m’attendais pas à ça, la cote n’en finit pas elle atteint 18 % par endroit. On descend un peu et ça repart de plus belle. Je regarde mon chrono, les 1900 mètres de d+ sont bien là et le sub 8 heures devient délicat, une dernière série de marches à descendre et 2 km de plat, les muscles font mal, je vais devoir m’employer pour finir sous les 8 heures. J’accélère, je double quelques coureurs, nous passons devant le musée des confluences, le Hall Tony Garnier approche, j’aperçois Caro à quelques mètres de l’arrivé, je serre les dents et je franchi la ligne en 7h59’36’’. Un résultat inespéré, l’arrivée est très bien organisée, je récupère mes affaires transférées de St Etienne à Lyon, je passe sous la douche chaude « ce qui est plutôt rare dans des manifestations de cette envergure ».

Je préfère ne pas faire la queue pour le repas offert par l’organisation et je rejoins Caro qui m’attend prêt du bar avec une bière très bienvenue. Je prends des infos pour voir où en est Julien, il est dans les temps et il devrait arriver avant midi. Je lui passe un coup de fil pour lui dire de garder des forces pour l’arrivé qui est compliquée. Il finira la course en 11h21’36’’, nous sommes tous les deux finishers avec des résultats plutôt inespérés quelques heures avant. C’était surement la bonne année pour faire cette course, la même avec de la neige, de la boue et des températures négatives, ça doit piquer !!
Le CR de JuB
Voilà une épreuve mythique à laquelle je voulais participer. Il semble que ce soit la bonne année car contrairement à d'autres éditions la météo est clémente : pas de neige, pas de verglas, terrain sec. Je suis inscrit depuis longtemps en compagnie de JuV. Malheureusement il ne pourra pas prendre le départ insuffisamment remis d'une blessure. Une autre libellule Nico B s'est inscrit sur le tard et a prévu de rester la semaine à Lyon. Ma préparation ne se déroule pas vraiment comme prévu : une élongation contractée lors d'une séance de fractionné en côte m'a beaucoup perturbé car j'ai été contraint de me reposer. J'ai même pensé à ne pas participer, mais un coup de fil impromptu et un conseil avisé de mon ami Thierry (docteur pour traileur en déroute) me sauve la mise grâce à son CryoArgile ;-) Le week-end commence tôt dès 4h45 le samedi pour me rendre à Lyon via un train inter-cités interminable. Arrivé à bon port je rejoins Nico et Caro à leur appart. L'après midi est consacré aux préparatifs : retrait du dossard, achat du billet de train pour rejoindre Saint Étienne, préparation des sacs.

19h on mange, 20h on quitte l'appartement. Derniers encouragements de Caro et c'est parti pour la grande aventure. On rejoint le palais des sports de Saint Étienne où on découvre 2 immenses halls remplis de coureur en train de se préparer ou se reposer. On les imite en s'allongeant un moment puis vient l'heure de rejoindre la ligne de départ. Il y a du monde c'est assez impressionnant. On se sépare car Nico veut se placer correctement. Si sa hanche le laisse tranquille il peut réaliser une perf intéressante. De mon côté je me place plus en arrière car je suis en gros doute concernant mon mollet et je vais devoir gérer ma course dès le début. Après une minute d'applaudissements en hommage aux victimes des attentats de Paris, la musique de U2 "light my way" retentît et c'est parti. Je mets quelques minutes à franchir la ligne de départ. Les 7 premiers kilomètres sont plats, empruntant les larges boulevards Stéphanois. C'est vraiment l'occasion de partir vite car malgré le nombre de concurrents on peut courir aisément. Mais je n'oublie pas mon mollet, il va falloir le préserver la course sera longue. On attaque ensuite les choses sérieuses : ça grimpe ! Autour de moi tout le monde marche, j'en fais autant surtout qu'on est encore bien groupés. 1er ravito à St Christo et 1ere déception : pas de salé sur ce ravito. Dommage... J'en profite quand même pour prendre une banane et je remplis les flasques. Comme souvent je préfère ne pas m'éterniser et je mange en marchant. Avant d'arriver au 2eme ravito à Ste Catherine je découvre les descentes sympas : un mélange de cailloux, de trous, de racines, le tout vicieusement dissimulé par un tapis de feuilles mortes. Ajoutez à cela la lueur des frontales et certains concurrents qui parviennent à descendre tels des sangliers en rut et vous obtenez un cocktail que j'aurai beaucoup de mal à gérer. 2eme ravito et 2eme déception : le remplissage des flasques est un calvaire et il n'y a plus de salé, tout juste quelques chips que j'arrive à attraper. On enchaîne les ascensions et les descentes pour arriver à St Genoux. Je prévois de m'arrêter un peu plus longuement ici. Je change les batteries de ma frontale, mets ma montre en charge et remplis mes 2 flasques. J'arrive même à choper du saucisson et du fromage. Royal... On a dépassé les quarante bornes et je commence a être dans le dur (forcément je paye mon manque d'entrainement). Les quelques kilomètres avant le ravito de Soucieu sont en faux plat descendant et sur route. Je m'efforce de trottiner même si j'ai au fond de moi une terrible envie de marcher. C'est le moment de la jouer au mental. On rejoint le dernier ravito à Chaponost. Il reste 9km. Je sors mon tel, je vois les messages d'encouragement des copains, un appel de mes enfants qui me disent que je suis le meilleur et me voilà prêt à affronter la fin du parcours. Un appel de Nico m'apprend qu'il est finisher en 7h59, très très belle perf. Il m'annonce aussi que la fin du parcours est terrible. Sur le moment ça me met un coup au moral mais finalement je préfère le savoir à l'avance. Effectivement on a droit à 2 côtes à fort pourcentage suivies d'une descente d'escaliers qui achève mon genou. Je serre les dents, car je commence à reconnaître les bâtiments, notamment le musée des confluences. Plus on se rapproche de l'arrivée plus il y a de monde à nous encourager et nous féliciter. Et puis c'est l'entrée dans la halle, le moment me paraît magique, je savoure. J'aurais pas misé cher, mais je suis finisher de cette SaintéLyon.

Je récupère mon t-shirt de finisher puis je rejoint Nico et Caro à leur appart. J'ai le temps de prendre une petite douche et de me préparer mon dernier ravito : celui que je prendrai dans le train du retour. J'ai même le temps de boire un verre avec Mimi, ex-libellule qui vit maintenant à Lyon.

Arrivé à la maison, je tombe comme une masse (je n'ai dormi que 1h30 depuis samedi matin).
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